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L’heure est à la réorganisation

Dans un contexte un peu plus tendu pour le marché des semences, on a assisté à des rapprochements entre semenciers et des changements à la tête des entreprises.

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Après une hausse de 7 % en 2019-2020, le marché français des semences a reculé en 2020-2021 de 5 %. « Malgré une augmentation des surfaces de plus de 500 000 ha, les ventes de semences de céréales ont baissé de 4 %, constate Philippe Silhol, chef du service statistiques à Semae. En fait, le taux d’utilisation de semences certifiées de blé tendre s’est fortement dégradé à 46 %, contre 51 % l’année précédente. » Les surfaces de maïs ont aussi chuté de 10 % au printemps 2021, à 2,7 Mha. « Les semis de céréales à paille à l’automne 2019 avaient fortement baissé, au profit du maïs et du tournesol, précise-t-il. En 2020-2021, les conditions climatiques ont été plus propices aux semis d’automne, on a assisté à un rééquilibrage en faveur du blé tendre. » Mais la conjoncture n’étant pas très bonne en céréales à paille, les agriculteurs ont davantage eu tendance à utiliser des semences de ferme. « Pour cette campagne, les cours sont bons et les conditions climatiques étaient compliquées au moment des récoltes, ce qui devrait a priori contribuer à une remontée du taux d’utilisation de semences certifiées, mais il est trop tôt pour se prononcer », indique-t-il.

Toutes les espèces concernées

Les ventes de semences dans les autres espèces ont aussi chuté en 2020-2021, sauf en fourragères et betteraves sucrières. « Le marché des fourragères est toujours compliqué à analyser, remarque Philippe Silhol. En betteraves sucrières, le marché qui gagne 4 points a repris de la valeur car les néonicotinoïdes étaient à nouveau autorisés cette année. Les betteraves ont aussi souffert du gel, et des surfaces ont dû être ressemées. » Les pommes de terre enregistrent quant à elles un recul des ventes de 10 %, le tournesol de 11 %, et le colza de 12 % ! « Les difficultés de semis et la pression des insectes ont découragé les agriculteurs à semer du colza », note le responsable de Semae. Cet été, les conditions climatiques étant un peu plus favorables aux semis et les cours se maintenant à un niveau élevé, les surfaces de colza ont regagné 200 000 ha, selon l’UFS, l’Union française des semences, à 1,2 Mha. « Les potagères accusent aussi un recul, ajoute Philippe Silhol. Il s’agit d’une tendance structurelle. Le marché des plants, qui n’apparaît pas dans nos statistiques, est par contre en progression. »

Heureusement pour les entreprises, l’export continue à bien se porter et même à battre de nouveaux records en 2020-2021, à 1,919 milliard d’euros. C’est notamment grâce au maïs et aux potagères, dont les exportations ont progressé de 22 % au cours des cinq dernières années, et aux oléagineux, avec une hausse sur la même période de 37 %. Ces bons résultats sur la scène internationale, ont permis à la France de maintenir le chiffre d’affaires de son secteur semences, à 3,532 Mds€.

Rachat, Fusions et regroupements

Dans ce contexte, après une période plutôt calme en termes de restructurations, le monde des semences a fait l’objet ces derniers mois de plusieurs réorganisations et rapprochements. En tout début d’année, Secobra a racheté Sem Partners et, si l’équipe de Sem Partners a déménagé dans les locaux de son nouveau propriétaire, les deux entités sont restées bien distinctes. La coopérative de l’ouest de la France, Terrena, a fusionné son activité Terrena semences avec sa filiale Jouffray-Drillaud pour former Cérience.

Lidea, née du rapprochement d’Euralis semences et de Caussade semences, a vu son organisation se finaliser avec deux marques commerciales, Lidea et Caussade semences Pro. Plus récemment, Deleplanque et la filiale en France de Saaten-Union ont regroupé leurs activités commerciales sous la bannière « Réseau Deleplanque Saaten-Union ». Le Gnis a aussi fait le choix de se réorganiser et en a profité pour changer de nom et devenir Semae (lire p. 28). Du côté de la recherche, après le lancement en 1999 du Génoplante, puis en 2011 du groupement d’intérêt scientifique (GIS) Biotechnologies vertes et des projets du Programme d’investissement d’avenir, comme Aker, Breedwheat ou Amazing, la recherche publique et les sélectionneurs ont décidé de continuer à travailler de concert, en lançant le consortium PlantAlliance, qui associe 13 semenciers et autant d’organismes de recherche et instituts techniques.

Au-delà des restructurations engagées dans les entreprises pour s’adapter aux exigences économiques et aux alliances dans le domaine de la recherche, le secteur des semences est au cœur de très gros enjeux pour aider les agriculteurs à faire face aux défis climatiques et agroécologiques, à la montée en puissance du bio, à l’enjeu de la souveraineté alimentaire, aux besoins en cultures riches en protéines… Les sélectionneurs et les établissements semenciers sont mobilisés pour y répondre. L’UFS estime cependant qu’ils ne pourront y parvenir que s’ils bénéficient d’un appui franc et massif des pouvoirs publics (lire ci-dessus).

Nouvelles nominations

Des changements d’hommes à la tête des entreprises ont aussi été annoncés. Ce fut le cas chez Limagrain, avec le recrutement de Sébastien Chauffaut, auparavant président du directoire du Groupe Roullier, ou chez Lidea où la direction est désormais assurée par Philippe Saux, DG d’Euralis. Chez Bioline Semences de France, c’est Julien Bas qui a été nommé directeur général, et chez Corteva, Sylvain Bedel. Chez KWS Maïs semences, la direction a été confiée à Ariane Doutriaux, et Jean-Marc Bournigal a été nommé directeur général de Semae. On a aussi assisté cette année à un changement de génération chez Lemaire Deffontaines, avec l’arrivée de Thomas et Louis Blervaque, qui vont prendre progressivement les rênes de l’entreprise familiale.

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